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M@trimonia – Les bâtisseuses du Solbosch sortent de l’ombre
Et si les murs de l’université pouvaient parler ? Que raconteraient-ils des femmes qui ont pensé, construit, habité et transformé l’Université libre de Bruxelles ? Quels récits révéleraient-ils, enfouis dans les plâtres, les pierres, les couloirs, les paysages, les sentiers et les œuvres qui jalonnent le campus du Solbosch ?
L’évènement M@trimonia du 17 avril 2024,: Cet évènement, initié par l’ULB- BATir et l’ASBL architecturequidegenre.be, a pour objectif de visibiliser le matrimoine universitaire et propose de faire parler ces murs. Après avoir présenté le projet de recherche avec ses objectifs scientifiques, son historique et ses différentes évolutions visant l’appropriation citoyenne du patrimoine matériel et immatériel invisibilisé, les participant.es sont ensuite invité.es à revisiter les lieux emblématiques du campus en y redonnant toute leur épaisseur historique, sociale et féministe et ce, à travers une application géolocalisée et participative nommée M@trimonia.
Entre la Tunisie et la Belgique : un savoir en co-construction
M@trimonia est né dans le sillage de P@trimonia, un programme de recherche-action participative mené depuis 2018 entre la République tunisienne et Wallonie-Bruxelles International (WBI) (wbi.be). Le projet est co-porté par :
- Laboratoire LUCID – ULiège, dirigé par Prof. Pierre Leclercq,
- Laboratoire AIA de l’ULB-BATir, dirigé par Prof. Samia Ben Rajeb,
- Le Laboratoire PAE3C de Université de Carthage, dirigé par Prof. Fakher Kharrat,
- l’ASBL Édifices et Mémoires edifices-et-memoires.com,
Ce dispositif scientifique et citoyen vise à documenter un patrimoine bâti invisibilisé en mobilisant quatre savoirs complémentaires : théorique, technique, technologique et expérientiel. Il a permis de former une première génération d’« observateurs citoyens » et d’aboutir à deux thèses doctorales : Khaoula Stiti (soutenue en 2023) et Rayhana Allani (en cours).
M@trimonia : cartographier la mémoire des femmes
À Bruxelles, le projet se matérialise par une application mobile et des visites guidées du campus du Solbosch, conçues pour mettre en lumière une série de lieux porteurs de mémoire : la première crèche universitaire de Belgique, les lieux d’avortements clandestins, ou encore des œuvres d’art créées par des femmes, restées jusque-là dans l’ombre du récit institutionnel.
Ce contenu a été construit de manière collaborative à partir d’archives, d’entretiens et de relevés de terrain, avec le concours de Tara Planchet, spécialiste du patrimoine mobilier de l’ULB, et d’Élisabeth Gérard, architecte, toutes deux investies dans l’ASBL « L’architecture qui dégenre. »
Une technologie au service du matrimoine
L’application M@trimonia a été développée en collaboration avec le LUCID – ULiège (Aurélie Jeunejean) et Eunoia Studio (Cyril Lorquet), dans une logique “IT for Society” : mettre la technologie au service de causes sociales. Grâce à cette application mobile, chaque utilisateur·rice est invité·e à arpenter le campus autrement – à l’écoute des luttes féministes, des figures oubliées et des actions bâties par et pour les femmes.
Plus qu’un simple outil, l’application devient un espace de co-analyse, où les données produites et enrichies sont validées par un double regard expérientiel et théorique.
Une recherche interdisciplinaire et inclusive
À la croisée des sciences humaines, de l’architecture, du design numérique et des études de genre, M@trimonia constitue un dispositif de recherche-action exemplaire. Il s’appuie sur les pratiques de médiation patrimoniale développées par l’ASBL L’architecture qui dégenre, pionnière des Journées du Matrimoine en Belgique et sur les méthodes de recherches participatives (portées par Pr. Samia Ben Rajeb), éprouvées aussi dans le contexte tunisien (via l’ASBL Édifices et Patrimoines et aussi le laboratoire PAE3C).
L’ULB devient ici un terrain de recherche en acte, un lieu où le patrimoine en stock (celui qu’on conserve) dialogue avec le patrimoine en flux (celui qu’on actualise par les récits et les usages). Il s’agit de faire du campus un lieu d’héritage partagé et de transmission active, capable de faire émerger des savoirs pluriels, critiques et situés.
Un événement organisé par
L’École Polytechnique de Bruxelles – ULB (Laboratoire BATir)
L’ASBL L’architecture qui dégenre – architecturequidegenre.be
En collaboration avec :
- LUCID – ULiège – Lab for User Cognition & Innovative Design
- Université de Carthage – PAE3C – Laboratoire Patrimoine architectural et environnemental
- Édifices et Mémoires – ASBL pour l’égalité architecturale, artistique et urbaine
- Eunoia Studio – Développement numérique, UX et recherche appliquée
Financement : Wallonie-Bruxelles International (WBI)
(avec la participation de Christian Saelens, ex-délégué culturel en Tunisie)